MADELEINE

Armes sonores : innovation ou controverse dans le contrôle des foules ?

L’idée d’utiliser des armes sonores par les forces de l’ordre pour disperser les manifestations suscite, à juste titre, des polémiques dans de nombreux pays.
Ces dispositifs émettent des ondes sonores puissantes et ciblées qui provoquent une forte gêne.
Bien que ces armes soient souvent présentées comme une alternative non létale aux méthodes plus violentes, leur utilisation soulève des questions éthiques et juridiques importantes.

Les armes sonores représentent une technologie fascinante et inquiétante à la fois.
Elles exploitent le son, une onde mécanique, pour infliger des douleurs et des blessures sans laisser de traces visibles, comme des coupures ou des ecchymoses.

Origine de la pratique

Le camp de concentration Nazi, Dachau

L’utilisation de la musique comme outil de torture mentale a des racines historiques profondes, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.

A Dachau, le premier camp de concentration nazi inauguré en 1933, les haut-parleurs ont été utilisés pour infliger une torture sonore systématique. La musique diffusée visait non seulement à manipuler psychologiquement les prisonniers, mais aussi à renforcer l’idéologie nazie.
Les morceaux joués allaient des marches militaires aux hymnes patriotiques, et ce, à des volumes dévastateurs.
Les autorités nazies voyaient cette pratique comme un moyen efficace de détruire la dignité des détenus et de les rééduquer idéologiquement.
La musique était utilisée lors des fêtes officielles et des discours politiques, transformant la souffrance en un outil de propagande et de contrôle social.

Ces méthodes cruelles et totalitaires ont laissé des cicatrices durables.

Bien que nous ne voyions plus les haut-parleurs comme des instruments de torture officielle dans les sociétés contemporaines, l’idée de l’utilisation du son comme arme persiste sous différentes formes. Aujourd’hui, les armes sonores ne sont plus employées pour infliger des souffrances comme à Dachau, mais elles sont utilisées dans des contextes de maintien de l’ordre et de contrôle de foule. L’utilisation de ces technologies est maintenant encadrée par des règlements et des lois, qui visent à éviter les abus et à protéger les droits humains, bien que des questions persistent sur leur éthique et leur sécurité.

Fonctionnement et applications

Une arme sonore est un appareil qui émet des sons à très haute intensité.
Le son se propage sous forme d’ondes vibratoires.
Elles sont mesurées en décibels (dB), donc plus le nombre de décibels est élevé, plus le son est fort.

Lorsque ces ondes atteignent l’oreille humaine, elles font vibrer le tympan et sont transmises au cerveau. Au-delà d’un certain seuil, cette vibration devient douloureuse et peut entraîner des lésions auditives irréversibles.
Les effets des armes sonores ne se limitent pas à l’ouïe ; des études ont montré que des expositions prolongées ou à haute intensité peuvent provoquer :
🤢 Des vertiges et des nausées,
🤕 Des maux de tête et des migraines,
😵‍ Des troubles de l’équilibre,
😨 Des troubles de la vision,
💔 Des lésions internes (poumons, organes digestifs)…

Armes sonores modernes

LONG RANGE ACOUSTIC DEVICE (LRAD)

Longue portée.
Son directionnel jusqu’à 152 dB.

Utilisation : Dispersion des foules, éloignement des pirates maritimes, communication longues distances.

Effets : Maux de tête, vertiges, nausées, perturbations auditives (acouphènes, perte d’audition), douleurs dans les sinus, courte désorientation.

🌐 Australie, Canada, Corée du Sud, États-Unis, Grèce, Inde, Israël, Japon, Philippines, Thaïlande, Forces maritimes internationales.

BEETHOVEN (MOSQUITO)

Portée limitée.
Son haute fréquence, audible principalement par les moins de 25 ans jusqu’à 17,4 kHz (non mesuré en dB standard).

Utilisation : Dissuasion des groupes d’adolescents dans des zones spécifiques (parkings, commerces).

Effets : Maux de tête, acouphènes.

🌐 Belgique, Canada, France, Québec, Royaume-Uni, Suisse.

ACOUSTIC HAILING AND DISRUPTION DEVICE (AHD)

Longue portée.
Son directionnel jusqu’à 144 dB.

Utilisation : Dispersion des foules, éloignement des pirates maritimes, communication longues distances.

Effets : Maux de tête, perturbations auditives (acouphènes, perte d’audition), nausées, désorientation.

🌐 États-Unis, Israël, Royaume-Uni.

SCHALLKANONE

Portée moyenne. Son basse fréquence, puissant, visant à causer des blessures internes

Utilisation : Développé pour la guerre.

Effets : Maux de tête, vertiges, nausées, perte auditive (acouphènes, troubles de l’équilibre), douleur thoracique, salivation excessive, irritation de la peau.

🌐 Allemagne.

APPAREIL ACOUSTIQUE PORTABLE

Portée moyenne.
Infrasons, fréquences très basses.
Puissance sonore non spécifiée.

Utilisation : Dispersion et contrôle des foules.

Effets : Vertiges, troubles intestinaux, vomissements, douleurs oculaires, douleurs auditives, nausées, désorientation.

🌐 Chine.

GRENADE ASSOURDISSANTE

Portée courte.
Bruit intense combiné à un flash lumineux jusqu’à 180 dB.

Utilisation : Désorientation des cibles, intervention des forces spéciales, maintien de l’ordre.

Effets : Surdité temporaire ou permanente, perte d’équilibre, désorientation, cécité temporaire, lésions auditives (perforation des tympans).

🌐 États-Unis, France, Royaume-Uni.

SONIC CROWD CONTROL DEVICE

Longue portée.
Son directionnel jusqu’à 144 dB.

Utilisation : Dispersion des foules, éloignement des pirates maritimes, communication longues distances.

Effets : Nausées, vertiges, désorientation, maux de tête, troubles auditifs (acouphènes, perte d’audition).

🌐 États-Unis, France, Grèce.

VOICE OF GOD WEAPON

Portée non spécifiée.
Son à fréquence particulière, créant l’illusion d’une voix interne.

Utilisation : Dispersion des foules, éloignement des pirates maritimes, communication longues distances.

Effets : Confusion, désorientation, peur, hallucinations auditives, fatigue mentale.

🌐 États-Unis.

Enjeux légaux et éthiques

Le silence de la force

En 2016, les diplomates américains à Cuba se sont plaints pendant plusieurs mois de symptômes inexpliqués.
Vertiges, nausées, pertes d’audition… personne ne comprenait l’origine de ces troubles.
Après des investigations, les autorités américaines ont conclu à l’utilisation d’un « dispositif acoustique secret » émettant des ondes sonores de fréquences imperceptibles.

VICE France, qui a enquêté sur le sujet, a interviewé Bernard Fontaine, expert en armes énergétiques et ancien directeur de recherche au CNRS, aujourd’hui décédé.

En évoquant les infrasons, il expliquait : « Ils provoquent des émotions négatives telles que la peur, l’anxiété ou la dépression. Des réactions de fatigue, de stress, d’irritation voire des troubles de l’équilibre ont été décrits lors d’expositions aux infrasons. A forte puissance, ces sons inaudibles ou quasi inaudibles peuvent provoquer des nausées voire des troubles nerveux : l’effet de résonance touche les muscles, le squelette, les globes oculaires et les organes internes ».

Les infrasons à très basses fréquences (en dessous de 20 hertz) pénètrent facilement la plupart des bâtiments et véhicules. « Ces ondes sont inaudibles à l’oreille humaine. Il est donc possible d’agir à distance, sans même que ça puisse s’entendre. »

Alors qu’une conversation normale entre deux personnes est estimée à environ 60 dB, les canons à son peuvent diffuser un bruit atteignant 150 dB. Plus qu’un marteau-piqueur (130 dB) ou qu’un concert (90 dB). Le seuil de douleur auditive se situe aux alentours de 120 dB. Au-delà de 100 dB, l’organisme peut déjà être impacté.

En plus du risque de surdité ou d’acouphènes, une exposition, même brève, à certains sons peut entraîner des troubles nerveux, cardiovasculaires ou digestifs.

Il ne faut pas oublier que ce dispositif, initialement conçu par les nazis en Allemagne comme un outil de torture, a été utilisé par l’armée américaine en tant qu’arme de guerre, notamment à Guantanamo.
La playlist dédiée aux tortures dans ce centre de détention est tristement célèbre : elle combinait le son « Baby One More Time » de Britney Spears, des sons d’Eminem avec des bruits angoissants (cris de bébés, miaulements de chats, rires sataniques).

Ces enregistrements, diffusés en continu pendant des semaines, voire des mois, auprès de détenus privés de sommeil ou contraints de rester accroupis, avaient pour objectif de les pousser à parler. Souvent, cela fonctionnait : le bruit incessant empêchait de penser ou de récupérer d’autres sévices, tandis que le contenu culturel des chansons heurtait les prisonniers affaiblis.

L’expert Bernard Fontaine disait qu’ : « On peut estimer que ce type d’arme est contraire au droit international humanitaire et qu’elles peuvent faire l’objet de démarches en vue de les interdire dans le cadre de cette Convention ».

La justice américaine partage encore cet avis.
A New York, la cour d’appel avait jugé anticonstitutionnel l’utilisation de dispositifs de harcèlement acoustique contre des manifestants, la qualifiant d’abus de force.

En France, l’utilisation du son contre les civils se limite au LRAD et aux grenades assourdissantes pour les opérations de maintien de l’ordre.
La grenade peut non seulement causer des blessures physiques, mais aussi des dommages auditifs.

En 2008, le boîtier « Beethoven », surnommé « boîtier anti-jeunes », avait fait polémique.
Son utilisation, par des particuliers ou des professionnels, visait à éloigner des groupes d’adolescents en émettant des ultrasons.

Un particulier avait été condamné par le tribunal de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) pour l’utilisation de ce boîtier, qui causait « un trouble anormal de voisinage ». Les commerçants de sa rue avaient « fait le rapprochement entre cet appareil et leurs maux de tête soudains ainsi que les gestes d’enfants qui se cachaient les oreilles en passant ».

Le son a également été utilisé comme moyen de dissuasion contre les sans-abri, notamment dans des gares, où de la musique classique a été diffusée 24h/24.

L’utilisation de ces dispositifs évoluera avec le temps, s’adaptant aux besoins et aux conséquences.
Pour l’instant, peu de pays interdisent leur utilisation.

Affaire à suivre donc…

Qu’est-ce que le Mosquito ? Comment fonctionne le son Anti-jeune ? Quelle est cette arme acoustique attaquant «les tympans, les yeux et l’estomac» qui inquiète les manifestants hongkongais ? Qu’est-ce que l’hélage acoustique ? Les LRAD sont-ils encore utilisés ? Qui utilise les LRAD ? Comment fonctionne le LRAD ? Qu’est-ce que l’arme sonore pour le contrôle des foules ? Quel est le dispositif sonore pour le contrôle des foules ? Quelle maladie provoque des hallucinations auditives ? Quelle maladie peut provoquer une perte d’audition ? Quelles armées militaires utilisent des ondes sonores ? Les armes sonores sont-elles réelles ? Qu’est-ce qu’une arme sonique ?

1 réflexion sur “Armes sonores : innovation ou controverse dans le contrôle des foules ?”

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